Waxes museum

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Wax moulage MHS-4


Author : Jules Baretta (1833-1923)
Collection : Musée d'histoire des sciences, Genève
Inventory number : MHS-118/66
Dimension : 18,5 x 9,5 x 25

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Digitization by Julien Da Costa & Christophe Lamy Anatomie-FMED, Université de Genève

Syphilis Wax Gallery by SNF - Neverending Infectious Diseases project is licensed under CC BY-NC-ND 4.0



MHS_4_illustration.jpgLe moulage en cire est un objet scientifique qui représente le malade avec sa pathologie. Mais pour que ces objets existent, il faut un mouleur. Très peu de mouleurs ont été reconnus comme l’a été Jules Baretta, dont le nom est resté dans l’histoire. Curieux destin que celui de ce fabricant de fruits en carton-pâte.

Pierre, François, Jules Baretta est né à Anvers en 1834. Il perdit sa mère dès son plus jeune âge, eut pour demi-frère, Louis Baretta (1866- 1928), peintre de renom. Jules Baretta partit à Paris à l’âge de 13 ans, pour apprendre la gravure chez un ouvrier bijoutier. Il fondera une petite maison de gravure sur bijoux puis s’installera comme fabricant de fruits artificiels. C’est dans cette boutique du passage Jouffroy, à Paris, qu’en 1863 M. Lallier, médecin à l’hôpital Saint-Louis, découvrira son travail. Il fut frappé par la qualité de ses reproductions et convainquit Jules Baretta de l’intérêt, pour un médecin, de reproduire les maladies de la peau avec la même fidélité que les fruits. Jules Baretta séduit par le côté philanthropique et scientifique du projet abandonna son commerce pour l’hôpital Saint-Louis. Dès lors, une collaboration étroite s’établit entre le Dr. Lallier et Jules Baretta. Pendant deux ans, Jules Baretta s’initia à la dermatologie et chercha une matière qui puisse donner les pièces les plus vivantes possibles. Il produira son premier moulage en 1865 (n°46, collection générale), qui représente une syphilide acnéique du nez. Premier moulage qui fut le début d’une longue série, puisque, le musée de l’hôpital Saint- Louis, possède 3381 pièces signées de sa main.

En 1884, Jules Baretta fut nommé conservateur du musée. Il acquit une réputation mondiale lors du premier congrès international de dermatologie qui se tint au musée en 1889, puis lors d’un second congrès à Vienne en 1892. De nombreuses copies des cires de Baretta sont conservées à l’étranger, à Boston, en Australie, à Bonn, à Lisbonne, à Cork, à Bruxelles, à Genève.

Jules Baretta quittera ses fonctions en 1913. Il passera les dernières années de sa vie dans une certaine précarité, l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris ne lui versant qu’une modique indemnité. Il mourut le 4 mai 1923 et fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise (52ème division).

Sylvie Dorison, Responsable du musée-bibliothèque, Hôpital Saint-Louis, Paris (novembre 2023)

Alors qu’il officie à l’hôpital de Lourcine, établissement réservé aux femmes atteintes de maladies vénériennes, le Dr Alfred Fournier constitue une collection personnelle de cires qu’il commande à Jules Baretta et Charles Jumelin. Cette pièce qui représente, selon le catalogue des moulages établi en 1922, des « lésions syphilitiques tertiaires de la langue », est un double d’une cire de cette collection — son commanditaire initial est donc le Dr Fournier. En 1879, lorsqu’il est élu à la Chaire clinique des maladies cutanées et syphilitiques, ce spécialiste reconnu de la syphilis fait don des 442 cires qu’il possède à l’hôpital Saint-Louis (qui dispose déjà de quelques 500 pièces). Bien qu’ils n’aient pas fusionné, ces deux ensembles se sont additionnés, avec pour conséquence une grande domination des cas de syphilis sur les cas représentés, au détriment des autres pathologies cutanées. Cet exemple montre comment une collection est orientée par les intérêts et spécialisations des médecins qui en commanditent les objets. Dès les premières planches que font réaliser les pionniers de la discipline au début du XIXe siècle, cette question du choix des dermatoses à représenter se pose, et il est souvent résolu en sélectionnant les cas les plus impressionnants et rares. Les beaux cas. Ceux dont un médecin peut se vanter de les avoir vus, et peut-être soignés. D’emblée, une tension entre la vocation d’enseignement et celle de faire forte impression se manifeste. Le Dr Devergie, qui est à l’origine du musée pathologique de l’hôpital Saint-Louis, alerte ses confrères dès 1869 sur la nécessité de faire produire une iconographie plus diversifiée, qui témoigne aussi des pathologies usuelles, celles qui occupent le quotidien du dermatologue. Il sera peu entendu hélas et pour des raisons autant politiques qu’idéologiques, « frapper la vue » (Alibert) restera l’une des vocations de l’iconographie dermatologique durant tout le siècle.

 

Sophie Delpeux, Historienne de l’art, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (décembre 2023)