Le moulage en cire est un objet scientifique qui représente le malade avec sa pathologie. Mais pour que ces objets existent, il faut un mouleur. Très peu de mouleurs ont été reconnus comme l’a été Jules Baretta, dont le nom est resté dans l’histoire. Curieux destin que celui de ce fabricant de fruits en carton-pâte.
Pierre, François, Jules Baretta est né à Anvers en 1834. Il perdit sa mère dès son plus jeune âge, eut pour demi-frère, Louis Baretta (1866- 1928), peintre de renom. Jules Baretta partit à Paris à l’âge de 13 ans, pour apprendre la gravure chez un ouvrier bijoutier. Il fondera une petite maison de gravure sur bijoux puis s’installera comme fabricant de fruits artificiels. C’est dans cette boutique du passage Jouffroy, à Paris, qu’en 1863 M. Lallier, médecin à l’hôpital Saint-Louis, découvrira son travail. Il fut frappé par la qualité de ses reproductions et convainquit Jules Baretta de l’intérêt, pour un médecin, de reproduire les maladies de la peau avec la même fidélité que les fruits. Jules Baretta séduit par le côté philanthropique et scientifique du projet abandonna son commerce pour l’hôpital Saint-Louis. Dès lors, une collaboration étroite s’établit entre le Dr. Lallier et Jules Baretta. Pendant deux ans, Jules Baretta s’initia à la dermatologie et chercha une matière qui puisse donner les pièces les plus vivantes possibles. Il produira son premier moulage en 1865 (n°46, collection générale), qui représente une syphilide acnéique du nez. Premier moulage qui fut le début d’une longue série, puisque, le musée de l’hôpital Saint- Louis, possède 3381 pièces signées de sa main.
En 1884, Jules Baretta fut nommé conservateur du musée. Il acquit une réputation mondiale lors du premier congrès international de dermatologie qui se tint au musée en 1889, puis lors d’un second congrès à Vienne en 1892. De nombreuses copies des cires de Baretta sont conservées à l’étranger, à Boston, en Australie, à Bonn, à Lisbonne, à Cork, à Bruxelles, à Genève.
Jules Baretta quittera ses fonctions en 1913. Il passera les dernières années de sa vie dans une certaine précarité, l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris ne lui versant qu’une modique indemnité. Il mourut le 4 mai 1923 et fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise (52ème division).
Sylvie Dorison, Responsable du musée-bibliothèque, Hôpital Saint-Louis, Paris (novembre 2023)