Waxes museum

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Wax moulage MHS-10


Author : Charles Jumelin (1848-1924)
Collection : Musée d'histoire des sciences, Genève
Inventory number : MHS-118/45
Dimension : 28 x 13,5 x 16,5

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Digitization by Julien Da Costa & Christophe Lamy Anatomie-FMED, Université de Genève

Syphilis Wax Gallery by SNF - Neverending Infectious Diseases project is licensed under CC BY-NC-ND 4.0



Frontalement, une vulve s’expose à notre vue. Elle surgit et s’impose à notre regard. Origine du monde atteinte d’une pathologie, la peau tirée et luisante de cette vulve et de la naissance des cuisses alentours est constellée de pustules syphilitiques. Les lésions se multiplient et grossissent, à mesure que l’on s’approche des lèvres qui constituent le centre de la représentation. Cette vulve ne se cache pas comme dans l’œuvre iconique de Gustave Courbet dans une épaisse pilosité. Le cadre ne laisse pas apparaître un ventre dénudé ou la naissance des seins pour jouer sur l’érotisation de la scène. La vulve ici est au contraire décontextualisée du reste du corps, isolée. On peut bien déceler le début des cuisses, mais leur écartement maximal ne fait qu’accentuer la frontalité de la vue et guider le regard vers le sexe. Au final, il ne reste que l’organe génital et sa pathologie découpés par un délicat tissu blanc. Par la représentation du tissu, le procédé masque les limites du moulage signé de Charles Jumelin (1848-1924). Il isole et morcelle le corps tout en dissimulant le procédé de reproduction. En l’enrobant dans un tissu, les frontières de ce morceau sont rendues floues et fluides et laissent imaginer le reste du corps entièrement recouvert par ce drap.

Ce morcellement visuel du corps, associé à la frontalité de la représentation de la vulve, n’est pas sans rappeler une grammaire visuelle pornographique qui se répand notamment via la photographie à la même période où, en plus des scènes montrant des actes sexuels, sont produits des tirages d’organes génitaux isolés et en gros plan. Dans ce cadre, les représentations de vulves sont particulièrement mises en avant, car elles sont perçues comme plus transgressives et inconvenantes. Pour autant, si certaines de ces caractéristiques formelles se retrouvent dans ce moulage, la représentation frontale et isolée de morceaux de corps répond ici à une convention médicale ainsi qu’à une nécessité didactique. Dans les moulages syphiligraphiques, ce sont les caractéristiques des lésions, leurs couleurs, leurs formes, leur localisation, qui constituent les données scientifiques que la représentation se doit de donner à voir. Si les représentations médicales ne sont pas hermétiques à des considérations esthétiques – le drap en est ici l’un des signes – c’est la figuration de la pathologie qui en est la raison d’être. Ce sont dès lors la réception et les usages du moulage qui peuvent en faire osciller le sens.

Alice Aigrain, Historienne de l’art, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (décembre 2023)