Waxes museum

Javascript constants

Javascript css templating

Javascript fade script

Javascript check gallery source

Javascript QR-CODE

Javascript templating

< Previous Gallery Next >


Wax moulage MHS-2


Author : Jules Baretta (1833-1923)
Collection : Musée d'histoire des sciences, Genève
Inventory number : MHS-118/83
Dimension : 20 x 11 x 29

OPEN FULL SCREEN


WATCH ON SMARTPHONE
Digitization by Julien Da Costa & Christophe Lamy Anatomie-FMED, Université de Genève

Syphilis Wax Gallery by SNF - Neverending Infectious Diseases project is licensed under CC BY-NC-ND 4.0



Jules Baretta est le mouleur qui a réalisé le plus de moulages au sein du musée de l’hôpital Saint-Louis. Il effectuait régulièrement plusieurs copies d’un même moulage qu’il vendait ensuite. De nombreuses institutions médicales à l’étranger recherchaient ses pièces, réputées pour leur qualité. Cependant, très peu d’informations sur sa technique nous sont parvenues. Grâce à l’observation des moulages et à quelques éléments bibliographiques, il est possible de comprendre la mise en œuvre de ces objets particuliers. Dans un premier temps, un moule en plâtre est confectionné, avec prise d’empreinte directement sur le patient. Pour cela, la partie du malade à mouler est enduite d’un corps gras et probablement d’un film protecteur, elle est ensuite recouverte d’une première couche de plâtre liquide, pour épouser tous les reliefs. Une deuxième couche de plâtre, plus épaisse, est posée pour renforcer le moule. Pour les moulages de taille importante ou de forme complexe, des moules à pièces sont fabriqués. Une fois le plâtre durci, le moule est retiré pour sécher complètement.

La recette utilisée par Baretta pour le mélange cireux est également secrète. Il est très probablement composé de cire d’abeille, d’un corps gras (suif, saindoux, huile) et peut-être d’une résine. Le mélange, parfois teinté, est coulé, liquide, dans le moule en plâtre. Le moulage obtenu est creux.

Certains volumes complexes sont retravaillés, après démoulage, par modelage ou ajout de cire fondue. Les détails de certaines pathologies sont colorés en surface à l’aide de cire ou résines teintées, pour donner une transparence et un effet suintant à une lésion.

Enfin, le moulage est fixé sur une planche en bois assez fine, le plus souvent à l’aide de fils de fer. Il est ensuite maintenu par un textile, imbibé de plâtre, faisant le tour de l’objet. Le textile est lui-même fixé au moyen de pointes métalliques. Baretta signe et date son moulage à l’aide de peinture blanche, sur la planche en bois, peinte en noir.

Isabelle Pradier, restauratrice du patrimoine, Paris (décembre 2023)

Cette cire a été produite en 1873 pour le médecin J. B. Hillairet par Jules Baretta (1833-1923), mouleur établi à l’hôpital Saint-Louis à partir de 1867. Elle porte deux numéros d’inventaire, celui de la collection dont elle est issue, le 267, et celui de celle qu’elle a intégrée, le 83. Jules Baretta avait en effet obtenu de son employeur, l’Assistance Publique, de pouvoir réaliser jusqu’à deux « copies » afin de compléter ses revenus. Ainsi les empreintes de malades réalisées à Saint-Louis ont-elles pu circuler dans toute l’Europe. Entre 1867 et sa retraite en 1914, Baretta en a produit plus de 3000. Quand leur pathologie retenait l’intérêt du médecin, le moulage était intégré à la « prise en charge » de certain.e.s malades, le plus souvent issu.e.s des classes sociales les moins privilégiées. Si les praticiens s’enthousiasment unanimement pour le réalisme de ces objets, seuls capables de transcrire à la perfection les altérations cutanées et de suppléer à la présence réelle du malade, il n’est jamais fait mention de l’incidence que cette pratique peut avoir sur eux. Pourtant le devenir iconographie médicale prend dans ce cas sa forme la plus inconfortable : en plus d’être représenté pour une pathologie qui défigure, il faut que celle-ci soit touchée.

Ici, il s’agit d’une jeune femme de 16 ans, couturière de son état. Elle a été choisie par le médecin, son visage a été recouvert de plâtre, une matière qui chauffe et se rétracte pendant la prise, puis elle a dû poser pour Baretta afin qu’il retouche le positif en cire issu de ce premier moulage, obtenu à même une peau marquée d’un stigmate syphilitique. C’est en creux, au détour de textes littéraires, que la violence de cette mise en image peut se percevoir. Un personnage de Joris-Karl Huysmans avance que les malades de Saint-Louis qui refusent d’être représenté.e.s sont privé.e.s de nourriture ; en idéalisant leur passage par l’atelier de Jules Baretta, Léon-Roger Milès révèle en vérité la rétivité de ces personnes, les silences à combler durant ce contraignant protocole, mais aussi la gêne et la tristesse d’être ainsi affligé.e.s.

Sophie Delpeux, Historienne de l’art, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (décembre 2023)