La tête est celle d’un homme d’âge difficile à dater mais possiblement adulte entre 30 et 50 ans. Nous n’avons pas d’anamnèse de la date d’apparition, de la rapidité d’extension ou de l’étendue sur le reste du corps, et nous ne connaissons pas d’éventuels signes ou symptômes associés : fatigue, sueurs nocturnes, amaigrissement concomitant ?
Les lésions cutanées occupent pratiquement tout le visage en respectant l’arête nasale et les paupières. Ce sont des nodules, parfois des tuméfactions sous‑cutanées. L’absence de signe épidermique donne une certaine homogénéité aux lésions sous‑cutanées. Vus de plus près, certains nodules semblent vouloir confluer : sur le front, vers la commissure labiale droite. Nous aimerions être informés de leur consistance souple, ferme ou dure et de leur caractère mobile sur le plan profond. Au vu des lésions occupant le versant muqueux externe de la lèvre supérieure, nous pourrions suspecter aussi des lésions muqueuses intrabuccales ou pharyngées. Malgré leur taille importante, il n’existe pas de phénomène de nécrose ou de saignement.
Les diagnostics différentiels sont assez larges en l’absence de toute indication contextuelle ou anamnestique et d’examen clinique complet : 1° Syphilides dans le cadre d’une syphilis secondaire tardive ; des gommes de syphilis tertiaire sont moins probables car souvent plus isolées et de grande taille. 2° Une tuberculose de type secondaire profuse ou miliaire. 3° Une lèpre lépromateuse. 4° Une maladie granulomateuse incluant rosacée ou sarcoïdose. 5° Un lymphome cutané (T stade tumoral ou B). 6°Des métastases d’un cancer. 7° Une maladie de surcharge de type sclérœdème. 8° Une génodermatose rare avec tumeurs.
Une analyse histologique (au niveau du nodule du versant inferieur de la lèvre inférieure par exemple) serait bienvenue !
Laurence Toutous-Trellu, Hôpitaux Universitaires de Genève – Genève, mai 2023