Mieux et moins bien que le cinéma : la reproduction volumétrique d’une céroplastie

Par son rendu 3D, procédé de pointe en imagerie, le modèle céroplastique peut être considérée, selon la manière dont la souris se positionne sur sa reproduction, sous tous les angles de vue physiquement possibles. En cela, le résultat permet la même manipulation qu’une mise sur socle d’une céroplastie réelle : il restitue le rapport initial à l’objet, quand il était possible de l’extraire des lieux de conservation et d’exposition pour les exhiber depuis l’estrade d’un amphithéâtre universitaire et les faire circuler de main en main dans ses travées. Le cinéma a gardé mémoire de ce geste pédagogique qui met à profit, dans le dispositif de cours, l’appréhension volumétrique de l’objet de cire qui rappelle et respecte le volume du membre de corps humain qu’il imite. Ainsi dans une scène clé de L’Ennemi dans le sang, film de prévention antisyphilitique germano-helvétique réalisé en 1931 par Walter Ruttmann : c’est bien au moment où, pendant un cours de médecine, le personnage principal, un étudiant qui fréquente une jeune prostituée, est amené à examiner la reproduction en cire d’un visage blessé par la maladie, qu’il prend conscience de la nécessité de se faire examiner. Sa contemplation des reliefs et aspérités des traits humains et du chancre qui les abîme le rend plus sensible que son image plate au danger qu’ils signalent. En cela, la reproduction 3D fait mieux et moins bien que le cinéma : elle ne peut représenter la tactilité du rapport avec la céroplastie, mais elle restitue la multiplicité des perspectives d’observation propre à l’objet réel. Dans les deux cas, la céroplastie n’est plus captive de sa position fixe sur un mur ou sous une vitrine d’exposition.

Joël Danet, Ingénieur d'étude, Laboratoire SAGE UMR 7363, DHVS - Université de Strasbourg (décembre 2023)